Motorisation : deux auto-écoles roulent «propre» grâce au GNV

01/09/2020 Automobile/Équipements
Automobile/Équipements Motorisation : deux auto-écoles roulent «propre»  grâce au GNV

Les auto-écoles Françoise à Tarbes (65) et EC40 à Saint-Vincent-de-Tyrosse (80) ont acheté des Seat Leon dotées d’une motorisation au GNV. Un geste en faveur de l’environnement et une occasion pour réaliser des économies de carburant de l’ordre de 30 %.

C’est en juin 2019 que Delphine Streit, gérante de l’Auto-école Françoise située près de Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, a reçu ses deux premières Seat Leon dotées d’une motorisation au GNV. Un an après, elle ne regrette pas son choix. Au contraire : elle a commandé une troisième Seat Leon GNV en version automatique. « Ce type de véhicule est une occasion supplémentaire pour sensibiliser les élèves à une conduite économique. Rouler plus doucement, passer les vitesses est facilité par le GNV », explique la dirigeante. « C’est aussi une opportunité pour leur expliquer qu’il existe plusieurs motorisations et présenter les différents avantages et inconvénients de chacune ». Delphine Streit en profite également pour informer ses élèves sur la production locale d’énergie propre et les circuits courts. Développement durable oblige. Concrètement c’est la création d’une station Ecowgaz à 7 km de son auto-école qui a poussé la gérante à franchir le pas. En effet, l’une des problématiques principales qui freine le développement de cette motorisation est liée aux difficultés d’approvisionnement car le réseau de distribution est peu dense. Ainsi le département des Hautes-Pyrénées ne compte qu’une seule station GNV.

Parcours du combattant pour trouver un véhicule GNV
Lorsqu’elle a pris la décision d’acheter une voiture au gaz, Delphine Streit ignorait qu’elle allait devoir suivre un parcours du combattant pour arriver à ses fins. Elle a fait le tour des concessionnaires et des marques pour trouver le bon modèle. « Nombreux sont les revendeurs qui ignoraient qu’ils avaient dans leur gamme des véhicules GNV … », déplore-t-elle. Son choix s’est finalement porté sur deux Seat Leon en boîte manuelle qu’elle a dû attendre six mois entre la commande et la livraison. Elle a également dû les faire équiper de doubles commandes car ce modèle n’est pas destiné aux auto-écoles. Résultat : une facture supplémentaire de l’ordre de 3 000 euros par véhicule. « Là où cela m’aurait coûté 700 euros pour équiper une Seat Ibiza auto-école. Pour passer au GNV, il faut vraiment être motivé ! », résume-t-elle.

Des économies substantielles aussitôt réinvesties
Mais le jeu en valait la chandelle. Après un an d’utilisation, la gérante constate une économie de carburant de l’ordre de 25 à 30 % par rapport au diesel. « Cela n’est pas négligeable ». À tel point qu’elle a décidé d’augmenter le salaire de sa collaboratrice et de maintenir ses tarifs. « Mon objectif est de montrer au public que réaliser des économies n’est pas seulement destiné à l’entreprise, mais profite à tout le monde. Nous continuerons sur cette lignée en 2021 », affirme-t-elle. Ces économies sont également issues de la maintenance dont les coûts sont moins élevés que pour un moteur diesel. « Comme c’est un véhicule hybride gaz/essence, c’est un entretien classique avec une révision tous les 30 000 km et une autre tous les 80 000/100 000 km chez un spécialiste gaz ».

Une autonomie satisfaisante
Côté autonomie, Delphine Streit ne trouve rien à redire. Le réservoir de gaz permet de parcourir entre 400 et 450 km. Ces distances sont ramenées à une centaine de km pour celui d’essence. « La conception du véhicule priorise l’utilisation du gaz. Quand il n’y en a plus, on bascule automatiquement sur l’essence ». Ce qui est inversement le cas une fois que le plein de gaz est effectué. Cette motorisation est particulièrement adaptée aux élèves débutants car elle supporte très bien les bas régimes. « C’est important en termes de prise de confiance », indique-t-elle. C’est aussi un atout concurrentiel car le modèle plaît aux jeunes. « La ligne de la Seat Leon les attire plus que la motorisation. Il ne faut pas se leurrer : ils ne vont pas traverser le département parce que je roule au gaz ! ». Plus à l’ouest à Saint-Vincent-de-Tyrosse, dans les Landes, l’auto-école EC40 a également fait le choix du GNV. Le facteur déclenchant a été la construction d’une station de méthanisation par Endesa et GRDF à une centaine de mètres à vol d’oiseau de l’entreprise. Cette entreprise a, elle-aussi, opté pour une Seat Leon, mais en version automatique. « Nous avons de plus en plus de demandes pour ce permis, y compris de la part d’élèves en conduite accompagnée », indique Hervé Dolier, cogérant de l’entreprise.

Allemagne, Italie et Espagne !
L’achat de ce véhicule a été précédé lui aussi d’un véritable parcours d’obstacles. Huit mois de prospection ont été nécessaires pour trouver la perle rare. Avec son associé, Pierre Bourrassé, Hervé Dolier ont été jusqu’à contacter des concessionnaires Volkswagen et Fiat en Allemagne et en Italie, deux pays précurseurs en matière de GNV. Finalement, c’est chez Seat en Espagne (l’entreprise est implantée près de la frontière) qu’ils ont acheté une Leon. Un véhiculé qualifié « d’un peu original », en ce sens où il est à la fois au gaz et automatique. « Nous étions intéressés par une Ibiza mais sur ce modèle cette double option n’existait pas », rappelle Hervé Dolier. L’auto-école landaise a dû faire équiper ce véhicule de doubles commandes. « Nous avons la chance d’avoir un installateur spécialisé dans ce type d’équipement près de chez nous », poursuit le responsable. Coût de l’opération : environ 2 500 euros par véhicule.

Optimisation des coûts
Cette acquisition a été guidée par une volonté des deux dirigeants de réduire les coûts liés à l’entretien de leur parc. « Ceux des véhicules diesel (huile, filtres, pneus) connaissent une augmentation exponentielle ces dernières années ». Autre intérêt de cette motorisation : la longévité des moteurs. « Il y a très peu de friction. Ce qui veut dire qu’il y a très peu d’usure, moins de rejets, donc moins de pollution. De plus, comme c’est un moteur essence, la révision est un peu plus légère et un peu moins coûteuse que pour un moteur diesel ». Cette chasse au gaspi s’inscrit plus largement dans une stratégie d’optimisation de tous les postes de dépenses de l’entreprise dont celui du carburant est « relativement important ». Dans ce domaine, le gaz est particulièrement intéressant. « Un kg de gaz coûte moins de 1 euro, là où le litre de gazole avoisine les 1,40 euro. Globalement nous réalisons environ 30 % d’économies en tenant compte de l’investissement de départ qui est plus conséquent avec ce type de motorisation. Par contre, le coût salarial sur l’heure de conduite reste évidemment identique », déclare Hervé Dolier.

Agir en faveur de l’environnement
Cette optimisation des coûts était doublée d’une volonté d’agir en faveur de l’environnement. « Nous trouvions bien d’opter pour un véhicule doté d’une énergie renouvelable, moins polluante. Je trouve génial de me dire que je consomme des déchets agricoles qui ont été méthanisés pour arriver à un bilan carbone proche de zéro ». Une dimension qui trouve un écho chez les jeunes conducteurs. « Au départ, ils ne savent pas ce qu’est le GNV et s’en moquent un peu car leur objectif est d’avoir leur permis. À la fin de leur formation ils sont sensibilisés et contents de bénéficier d’une voiture moderne, confortable, silencieuse, sympa à conduire et respectueuse de l’environnement ». Cette auto-école a commandé trois autres véhicules au gaz qu’elle devait réceptionner en août 2020. Il s’agit d’Ibiza en boîte manuelle. Elle a également fait l’acquisition d’un fourgon Fiat Ducato au GNV pour transporter les deux-roues. « Nous aurons alors cinq véhicules au GNV », précise Hervé Dolier. « Nous pensons être sur la bonne voie en matière de transition écologique au regard des décisions politiques nationales et locales en faveur de l’environnement ». En effet, une deuxième unité de méthanisation est en cours de construction à Dax.

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