L’alimentation a une influence sur la vigilance des conducteurs

01/11/2019 Sécurité routière
Sécurité routière L’alimentation a une influence  sur la vigilance des conducteurs

L’association Attitude Prévention a mené une enquête avec le docteur Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste, et le professeur Fabrice Bonnet, médecin endocrinologue sur l’influence de l’alimentation sur la conduite. Les résultats sont édifiants.

On se rappelle de la campagne de prévention routière qui scandait « Un verre, ça va. Deux verres, bonjour les dégâts ! ». Le même slogan pourrait être décliné en « Un repas léger, ça va. Un repas très copieux, bonjour les dégâts ! ». C’est ce qui ressort de l’étude menée conjointement par l’association Attitude Prévention avec le docteur Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste, et le professeur Fabrice Bonnet, médecin endocrinologue. En effet, on sait que la somnolence au volant est la première cause de mortalité sur autoroute et que différents facteurs agissent sur la somnolence comme le manque de sommeil, la consommation d’alcool ou de médicaments ou encore l’environnement du véhicule (température, bruit…), mais aucune étude sérieuse n’avait véritablement été menée sur l’influence de l’alimentation du conducteur sur sa conduite.

Des tests effectués sur simulateur de conduite
« Nous avons étudié la baisse de la vigilance des conducteurs en observant le mouvement des globes oculaires et les postures grâce à un boîtier infra-rouge orienté vers le visage du conducteur. Ces comportements ont été filmés et enregistrés sur des systèmes de big data selon des critères robustes et fiables au niveau médical et scientifique. Nous avons ensuite mesuré le nombre de comportements à risques selon le type de repas », commente le docteur Frédéric Saldmann. Ainsi, les tests ont été effectués sur un simulateur de conduite Develter, avec un boîtier Toucango d’Innov+ muni d’un capteur optique infra-rouge orienté en direction du visage du conducteur, et qui intègre les algorithmes d’analyse faciale des états de vigilance du conducteur durant le trajet, afin de mesurer la distraction et les signes de somnolence au volant. La méthode mise en place consistait à demander aux cobayes d’effectuer un freinage sur le simulateur. Puis, ces deniers étaient invités à prendre un repas avant de reprendre le volant sur le simulateur de conduite pendant 40 minutes avec les mêmes conditions que celles sur l’autoroute. Au bout de 40 minutes de conduite, ils devaient effectuer un second test de freinage.

Trois types de repas différents
Les mêmes tests ont été effectués sur trois groupes de conducteurs. Le premier étant à jeun depuis la veille au soir (jeûne séquentiel), le second ayant pris un repas d’environ 500 calories (repas normo-
calorique) et le troisième un repas d’environ 1 500 calories (repas hyper-calorique). Le temps de freinage, après une période de conduite de quarante minutes, a été notablement augmenté pour le groupe « déjeuner hyper-calorique » (+ 9,7 m), sensiblement augmenté pour 75 % du groupe « déjeuner normo-calorique » (+2,16 m) et réduit pour le groupe « jeûne séquentiel ». Les résultats sont sans équivoque : un repas « hypercalorique » altère les capacités de freinage dans 100 % des cas, augmente la distance de freinage et diminue significativement la vigilance chez 60 % des conducteurs. 17,5 % ont même atteint le niveau maximal d’extrême somnolence. Sur le groupe de conducteurs qui a consommé un repas classique (« normo-calorique » – 500 Kcal), seuls 17,5 % des conducteurs ont atteint un état allant vers la « somnolence modérée ». Un résultat conforme avec le fait, que lors de la séquence de freinage, même si une majorité (75 %) a vu ses capacités de freinage légèrement s’altérer, ceci n’avait que peu d’impact sur la distance supplémentaire nécessaire à l’arrêt total du véhicule. Concernant le groupe des conducteurs à jeun depuis la veille au soir, aucun n’a dépassé le niveau dit « légèrement somnolent ». Cela prouve clairement l’impact non négligeable de l’apport nutritionnel sur la vigilance du conducteur, en dehors de toute prise d’alcool ou de restriction de sommeil. Ainsi, explique Frédéric Saldmann, « l’étude démontre qu’un repas léger et une bonne hydratation augmentent la vigilance ». À l’inverse, « les repas trop copieux sont à proscrire car ils ont tendance à aggraver la somnolence ». À éviter aussi, les aliments trop gras et trop sucrés et mangez lentement pour améliorer la digestion », conseille le docteur avant de conclure : « La vigilance au volant commence dans son assiette ». 

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