Tablette tactile - L’outil pédagogique de l’avenir ?

02/06/2013 Formations/Examens
Formations/Examens Tablette tactile - L’outil pédagogique de l’avenir ? Depuis le mois de janvier, les inspecteurs sont équipés de tablettes tactiles. De leur côté, certaines auto-écoles ont déjà sauté le pas. Phénomène de mode ou outil pédagogique bientôt incontournable ?

Depuis deux ans, Nicolas Pouit, gérant de deux auto-écoles à Royan (17), ne se sépare plus de sa tablette. Pour lui, c’est très clair : « Je ne pourrais plus revenir en arrière, c’est un vrai confort de travail ». Équipée du logiciel de pédagogie embarquée Eureka de Planète Permis, sa tablette lui permet d’apporter sa touche personnelle à ses cours. « Je peux personnaliser mes fiches de suivi, inclure des images, des photos que j’ai prises moi-même ou encore des vidéos. C’est très pratique pour expliquer à un élève ce qu’il est censé voir dans les rétroviseurs, par exemple. Une photo est toujours plus parlante que des mots. Je peux également réaliser des schémas. Pour travailler la thématique des virages, je sélectionne un dessin de virage sur ma tablette. Ensuite, je peux placer des panneaux, y dessiner la trajectoire que doit prendre le véhicule, etc. C’est très concret et vivant ». Gros avantage par rapport au papier, les schémas peuvent être conservés dans la tablette. À tout moment, l’enseignant de la conduite, peut les récupérer pour les remontrer à l’élève concerné ou les réutiliser lors d’un cours avec un autre élève. Pas de risque de perdre le papier. Par ailleurs, il est possible d’imprimer le document à l’auto-école et de le donner à l’élève si celui-ci souhaite le garder.

Une plus-value pour l’auto-école
Emmanuel Masson, gérant de huit établissements en Vendée, teste actuellement Easypratique de Codes Rousseau et ne cache pas son enthousiasme : « Avec la dématérialisation prévue par la réforme, c’est dans l’air du temps ! L’utilisation de tablettes donne une image moderne de l’auto-école ». De son côté, Christophe Schneider, directeur de Planète Permis, estime que « la tablette tactile est un produit innovant, qui permet de se démarquer de la concurrence ». Nicolas Pouit confirme : « Cela apporte une plus-value à l’auto-école ». Même constat pour Bruno Garancher, président de ECF, qui utilise une version de Timeo développée spécialement par ENPC pour les établissements ECF. « Nous avons élaboré un programme découpé en 26 séquences qui inclut des informations issues de différents supports, des étapes de validation, etc. Chaque soir, nous envoyons par mail à l’élève et à ses parents un petit bilan de la séance, en expliquant le contenu de la séquence, les objectifs à atteindre, s’ils ont été atteints ou pas, s’il y a des choses à préparer pour le prochain cours et si l’élève nécessite un renforcement. C’est très apprécié par les parents qui peuvent non seulement suivre la progression de leur enfant, mais aussi savoir tout de suite s’il faut prévoir des cours supplémentaires. Cela évite de découvrir à la fin de la formation que l’élève a des faiblesses, qu’il lui faut reprendre des cours et donc payer des heures en plus. »

Une harmonisation de l’enseignement
Si la tablette permet de personnaliser ses cours, elle présente également l’avantage d’harmoniser l’enseignement dispensé par les différents moniteurs. « Chaque enseignant est équipé d’une tablette. Dès qu’il rentre à l’auto-école, il synchronise ce qu’il a fait avec son élève pendant la leçon, ce qui permet à tout autre moniteur qui prend la suite de la formation, de savoir où en est l’élève. C’est excellent, pour le suivi pédagogique, souligne Nicolas Pouit, mais c’est aussi un moyen d’harmoniser quelque peu l’enseignement dans mes établissements. » « Je m’intéresse beaucoup à la pédagogie, confie Emmanuel Masson. Nous avons donc mis en place une trame pédagogique dans l’entreprise qui assure une certaine harmonisation de l’enseignement dans tous les bureaux. Pour autant, chaque enseignant pourra personnaliser ses cours, ce qui permet de casser l’aspect routinier de la profession. Mais si je vois que certains s’éloignent trop de la trame pédagogique de l’entreprise, on en discutera pour éventuellement corriger le tir. »

Un bureau remarqué
Autre avantage de la tablette, en étant connectée avec le logiciel de gestion de l’auto-école, elle constitue un véritable bureau embarqué. « Pour moi, confie Nicolas Pouit, c’est un grand confort de pouvoir partir avec mon planning et d’accéder aux fiches élève à tout moment ». C’est notamment un moyen de prendre les rendez-vous directement avec l’élève dans la voiture. « Actuellement, nous avons déjà un agenda partagé et la plupart des rendez-vous sont pris en temps réel via des smartphones par les enseignants, explique Emmanuel Masson. Les enseignants vont évidemment continuer à prendre des rendez-vous via la tablette. » Seul bémol si l’on n’est pas en temps réel : deux personnes risquent de fixer un rendez-vous sur le même créneau. « Comme nous serons en Wifi et non en 3G, nous allons mettre en place un système d’alerte. La secrétaire enverra un SMS aux collaborateurs pour les avertir d’une prise de rendez-vous, en attendant de trouver une meilleure solution. » Sinon, certains éditeurs recommandent de poser une option avec l’élève dans la voiture, puis de passer par l’auto-école pour synchroniser les plannings. Après avoir vérifié qu’aucun autre rendez-vous n’a été pris sur le même créneau, le rendez-vous peut alors être confirmé à l’élève. Pour sa part, Bruno Garancher estime que la prise de rendez-vous est un vrai métier. Par conséquent, ECF n’utilise pas Timeo pour cette fonction.

Un gain de temps ?
Dans une petite structure où le gérant travaille seul, l’utilisation d’une tablette est un vrai gain de temps pour la prise de rendez-vous. La tablette devient alors une prolongation du bureau. Emmanuel Masson apprécie pour sa part, la possibilité de pouvoir remonter, via une appli web, les données de toutes les fiches pédago en un clin d’œil. « On voit tout de suite ce qui s’est passé avec un élève, sans avoir à courir après les fiches, notamment lorsque l’on a plusieurs bureaux. C’est un confort et un gain de temps. » Mais la tablette n’est pas miraculeuse. Selon Bruno Garancher, « ce n’est pas tant la tablette en elle-même qui fait gagner du temps, mais la mise en place d’une vraie méthodologie de l’enseignement ». Pour être efficace, il est donc nécessaire de mener une réflexion sur la méthode, avant d’utiliser la tablette comme un simple outil pour appliquer cette méthode.

Quels sont les freins à s’équiper de tablettes ?
Bureau mobile ultra pratique, fin des papiers volants qui se froissent et que l’on perd, image d’une pédagogie moderne et sérieuse... La tablette tactile n’a-t-elle aucun défaut ? Presque, à entendre les utilisateurs ! Pragmatique, Christophe Schneider modère cependant cet enthousiasme : « cela constitue tout de même un coût pour l’auto-école, surtout si les tablettes sont équipées de clés 3G afin d’être connectées en permanence ». De son côté, Emmanuel Masson remarque qu’il « faut forcément former les enseignants. Cela implique des réunions d’information. Il faut donc prendre du temps, et comme chacun sait, le temps, c’est de l’argent ». Cependant l’exploitant pense que cet investissement sera rapidement rentabilisé. Pour sa part, Nicolas Pouit reconnaît que si les jeunes enseignants ont tout de suite été partants, les plus âgés sont plus réticents. « Certains sont tout simplement réfractaires au changement ou ont peur de ne pas savoir se débrouiller, même si le temps d’adaptation nécessaire est assez court. » Enfin, d’autres refusent de passer à la tablette tactile car ils pensent que c’est « une façon d’être contrôlés, déclare Didier Thomas, avant de rappeler que « si le gérant veut surveiller ses employés, il ne peut le faire que s’il les a prévenus au préalable ». Malgré tout, la tablette tactile semble indéniablement s’inscrire dans l’avenir de l’auto-école. Cependant, Michel Goepp, président des Codes Rousseau ne s’attend pas à un raz-de-marée immédiat. « La tablette va certainement être adoptée par les auto-écoles, mais je pense que cela va prendre du temps avant de devenir un outil incontournable. »

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