Permis plaisance - Premier bilan de la privatisation des épreuves théoriques

01/08/2023 Formations/Examens
Formations/Examens Permis plaisance - Premier bilan de la privatisation  des épreuves théoriques

La privatisation des épreuves théoriques du permis plaisance a permis de réduire les délais d’attente d’une place d’examen. Seule ombre au tableau : le taux de réussite a baissé de 90 % à 80 %.

En France, un millier de bateau-écoles assurent la formation des plaisanciers qui souhaitent naviguer sur les fleuves ou en mer (cette dernière option concentrant 90 % des formations). « La demande augmente régulièrement de 2 à 3 %, ce qui représente entre 2 000 et 3 000 permis supplémentaires délivrés par an », indique Xavier Nicolas, chef de la mission du nautisme et de la plaisance au sein de la direction générale des Affaires maritimes du secrétariat d’État à la mer. Ainsi, l’État a délivré environ 120 000 permis plaisance en 2022.

Privatisation des examens théoriques
Depuis le 1er juin 2022, l’État a mis en place une nouvelle organisation des examens théoriques. Objectif : réduire les délais de convocation. « Nous étions asphyxiés car il fallait attendre entre 6 et 8 mois », indique Laurent Dillenschneider, président de la section nautisme au sein de Mobilians-ESR. Des délais très variables selon les régions. Sur le littoral, les professionnels ne subissaient pas ou peu de manque de places. Mais « en Île-de-France et à Lyon, c’était pire que l’enfer », poursuit le responsable. Conséquences pour les bateau-écoles : une fuite des candidats vers des départements moins en tension ou un renoncement à passer le permis bateau. « À Rennes, la situation n’était pas catastrophique, mais cela constituait un frein pour que les candidats s’inscrivent », constate Vincent Rageul, gérant de l’auto-bateau-école ECF de Bréquigny. Même constat pour Laurent Dillenschneider : « Nous avons été trop longtemps bridés par ce manque de places ».

Présentation à l’épreuve théorique : des délais d’attente réduits
D’où la décision de l’État d’externaliser l’organisation des épreuves théoriques. « Non pas pour se soustraire à des missions régaliennes, mais pour mieux organiser l’activité de nos agents », précise Xavier Nicolas. Par conséquent, des contrats ont été passés avec La Poste, Dekra, SGS et Bureau Veritas. « Notre but est d’améliorer la qualité de service au profit des candidats et de mieux orienter l’activité de nos agents sur des missions à forte valeur ajoutée telles que le contrôle administratif des bateau-école et la qualité d’enseignement et des formations dispensées ». La nouvelle organisation a contribué à réduire considérablement les délais d’attente.
Cela a aussi été un moyen pour mieux mailler le territoire en passant d’un réseau d’une cinquantaine de salles d’examen à 1 000 aujourd’hui. « C’est une bouffée d’oxygène énorme car nous pouvons travailler toute l’année », note Laurent Dillenschneider.
Si cette activité reste une niche, elle représente entre 5 et 8 % des chiffres d’affaires des auto-bateau-écoles. « Ce sont des formations intéressantes à enseigner car les élèves sont en général passionnés et donc motivés », rappelle Bruno Garancher, président de l’UNIDEC. Une activité de loisirs pratiquée par 13 millions de Français. Malgré l’importance de ce chiffre, le taux d’accidentologie est extrêmement bas. « C’est souvent lié à de la négligence », observe Laurent Dillenschneider. C’est pourquoi la formation est un élément fort de maîtrise des risques et de la sécurité.

Baisse du taux de réussite
Dans le cadre de la privatisation, l’État a augmenté le nombre de questions de l’examen théorique (passant de 30 à 40), avec une tolérance de 5 erreurs. Un moyen d’harmoniser l’épreuve théorique sur celles des permis B et moto. « Les nouvelles questions portent beaucoup sur l’environnement : la distances qu’il faut respecter vis-à-vis des cétacées, la pollution, l’écologie, la gestion des plastiques », explique Pierre Lopez, représentant de l’UNIC. « Elles ne sont pas pénalisantes pour un candidat qui s’est bien préparé ». La formation impose 5 heures de cours théoriques en présentiel. Mais « l’un des effets un peu pervers de la réduction drastique des délais d’attente est que certains candidats ont tendance à se présenter trop tôt et à échouer », note Vincent Rageul. C’est ce qu’a constaté le ministère de la Mer. « Le taux de réussite est passé de 90 % à 80 % en moyenne », indique Xavier Nicolas.
Actuellement, une réflexion est menée pour « verdir » le programme de formation. « Nous voudrions mieux sensibiliser les navigateurs à l’éco-navigation et l’éco-responsabilité. Pour l’instant, rien n’est validé », déclare Xavier Nicolas. Par ailleurs, l’État souhaiterait que les bateau-écoles proposent des formules de type post-permis. « L’offre non réglementée est très faible », note Xavier Nicolas. Or certains plaisanciers restent sans naviguer pendant 2 ou 3 ans. « Ils ont besoin de remettre à niveau leurs compétences et leurs connaissances. Et les bateau-écoles sont des acteurs de la sécurité maritime ».

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