NOS EXPERTS

Veronique   VIOT

Veronique VIOT

Véronique Viot est Avocate au Barreau de Paris. Elle est aussi Chargée d'enseignement en droit du travail à l'université de Paris Dauphine. Parallèllement, elle a une activité importante de conseil et contentieux en droit du travail, en droit commercial et droit des transports . Elle a acquis depuis plusieurs années une connaissance approfondie de la réglementation régissant l' automobile en général  et en particulier l'activité des auto-écoles.

La Rédaction de la Tribune www.tribune-auto-ecoles.fr

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L'équipe de la rédaction permanente de La Tribune des Auto-écoles ainsi que tous ses journalistes  ou contributeurs occasionnels ont  réuni les archives de La Tribune des Auto-Ecoles, ainsi que tous les textes officiels et réglementaires. Ces données vous apportent des réponses aux questions les plus courantes que vous vous posez dans le cadre de la gestion et le développement de votre auto-école. Vous bénéficiez ainsi de plus de 30 ans d'expérience de l'enseignement de la conduite cumulés par nos équipes!
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27 novembre 2023

Bonjour Maître, je suis actuellement enseignant de la conduite (CDI à temps plein dans la même entreprise depuis 7ans) en litige avec mon employeur et j'aurais 2 questions à vous poser:
Est-ce que l'employeur peut me sanctionner d'un avertissement car j'ai refusé de travailler "en coupure"? c'est-à-dire
Lundi une leçon à 13h, rien à 14h, reprise des leçons à 15h
Mardi une leçon à 13h, rien de 14h à 16h, reprise des leçons à 16h...
il a refusé de combler "les trous" ou de me payer le temps perdu.

Est-ce que l'employeur peut me soustraire le véhicule de service pour mes trajets domicile/travail pour me sanctionner suite à un arrêt maladie? Changement d'organisation qui ne concerne que moi parmi les 3 salariés
Arrêt envoyé à 10h, véhicule retiré à 11h...
merci d'avance pour votre retour

Bonjour,

Concernant votre première question, je comprends de ce que vous rapportez que vous avez refusé de dispenser des leçons de conduite entre 13h et 14h, au motif que vous n’aviez aucune leçon de conduite prévue entre 14h et 15h, puis entre le 14h et 16h le lendemain et qu’en conséquence, vous estimiez que votre employeur vous imposait un travail pendant votre coupure alors qu’il ne projetait pas de vous payer pour les créneaux sans leçon de 14h à 15h et de 14h à 16h.

Vous rapportez qu’un avertissement vous aurait été infligé suite à cette situation. De ce que je comprends et perçois de ce que vous indiquez, il m’apparait que votre employeur est en droit de vous sanctionner et ce, notamment si vous êtes employé à temps plein. Dans cette hypothèse, il est en effet important de garder à l’esprit que l’employeur est en droit de planifier des horaires de travail qui peuvent varier. Votre horaire de coupure peut donc être modifié et vous commettez une faute en ne respectant pas les horaires communiqués par l’employeur, et ce surtout, si ledit employeur a veillé à vous informer du nouvel horaire planifié en respectant un délai de prévenance suffisant.

Par ailleurs l’employeur a l’obligation de payer chaque mois le salaire prévu au contrat de travail et correspondant à un travail à temps plein. Aussi, le fait de ne pas régler le temps sans activité entre deux cours n’est pas nécessairement fautif si, en définitive, l’employeur veille à régler en fin de mois le salaire prévu au contrat de travail.

Concernant le véhicule de service mis à disposition pour le trajet domicile/travail, je vous confirme que l’employeur est autorisé à suspendre sa mise à disposition pendant l’absence du salarié (pour congés ou arrêt de travail). Ceci ne serait pas possible uniquement en cas de véhicule de fonction, lequel implique le règlement d’un avantage en nature mentionné au bulletin de salaire. Ainsi dès lors que vous êtes absent, même pour maladie, normalement le véhicule de service doit être remis à l’entreprise pour être utilisé et si besoin, par les autres salariés de l’entreprise (cf. mon article publié en janvier 2020 sur la TAE : « Quelle réglementation pour les véhicules mis à disposition des salariés ? »).

En revanche, cette pratique de reprise du véhicule de service en cas d’absence doit être mise en œuvre dans des conditions identiques pour tous les salariés de l’entreprise concernés. A défaut l’employeur s’expose à devoir régler et le cas échéant, un dédommagement pour non-respect de l’égalité de traitement, voire discrimination si le choix de l’employeur est dicté par l’une des situations visées à l’article L. 1132-1 du Code du travail.