Concurrence : la profession s’insurge contre l’association du Permis Libre avec Cdiscount

01/09/2020 Économie/Entreprise
Économie/Entreprise Concurrence : la profession s’insurge contre l’association du Permis Libre avec Cdiscount

Depuis le 7 juillet dernier, la plateforme Cdiscount affiche dans la rubrique «auto-école », des formations aux permis proposées par LePermisLibre. Une opération marketing que la profession considère comme de la concurrence déloyale.

Entre une batterie de cuisine et un téléviseur proposés à prix cassé, la plateforme Cdiscount référence désormais des formations à la conduite avec un pack Code à 729 euros payable en 4 fois ou uniquement un entraînement au Code de la route à 19 euros. Le client intéressé sélectionne l’offre qu’il souhaite et reçoit un bon à valoir sur le site du PermisLibre qui assure ensuite la formation. LePermisLibre qui se targue de proposer « un prix plus accessible que le reste du marché (offre 35 % moins chère en moyenne que les auto-écoles traditionnelles) et adaptée au rythme de chaque candidat », dispense cette offre dans 11 villes françaises (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse). Dans un communiqué, LePermisLibre conclut : « un lancement inédit, une vraie nouveauté chez Cdiscount et une dynamique de plus le développement de lepermislibre.fr ».

Mieux communiquer sur le prix d’appel et le coût final
Un concept d’offre commerciale qui fait bondir la profession. « On est dans la marchandisation totale du permis de conduire qui devient un objet de consommation comme un autre ! », s’insurge Philippe Colombani, président de l’UNIC. On ne peut pas lutter contre cela. Par contre, on doit trouver de meilleurs arguments pour se défendre. Il faut communiquer sur la qualité de la formation des auto-écoles traditionnelles.
La force des écoles de conduite de proximité est d’afficher un tarif d’appel généralement proche du coût final. C’est sur cet aspect que la profession doit se battre. C’est pourquoi l’UNIC avait demandé que la future plateforme gouvernementale de comparaison de l’offre, affiche le prix moyen et le nombre moyen d’heures nécessaires pour achever une formation dans chaque auto-école. Grâce à ces informations, les futurs élèves pourraient savoir si le tarif d’entrée est similaire au prix final. On s’apercevrait clairement que les prix discount avancés à grand renfort de publicité par les plateformes est rarement ce que paient réellement les élèves à la fin de leur formation. Au lieu de se battre contre des moulins à vent, il faut améliorer la qualité de l’apprentissage en école de conduite traditionnelle et communiquer sur le fait que les formations sont d’une meilleure qualité, plus rapides et donc qu’au final, cela coûte moins cher. »

Une activité légale, selon la DSR
De son côté, Patrick Mirouse, président de l’UNIDEC dénonce ce qu’il considère comme une activité illégale. « Le secteur de la formation à la conduite est une activité réglementée, avec l’obligation d’avoir un agrément délivré par la préfecture. Dans ce cas, si LePermisLibre a un agrément, la plateforme Cdiscount n’est pas agréée. » Et de demander : « Où est l’égalité entre tous les opérateurs ? »
Pour la délégation à la Sécurité routière, la réponse est claire : le préfet du Rhône a délivré un agrément au LePermisLibre ; l’activité du PermisLibre est donc légale. Or, « une auto-école ayant un agrément qui s’associe commercialement à un partenaire n’est pas illégale, affirme Wassim Kamel, sous-
directeur à l’Éducation routière. Légalement, il n’y a rien à dire ».

Le CNPA et l’UNIDEC saisissent la DGCCRF
« Nous avons compris qu’il est vain de se battre sur la question de l’agrément, concède Patrice Bessone, président du CNPA-ER. Par contre, l’intersyndicale constituée par le CNPA-ER et l’UNIDEC a décidé de saisir la Délégation générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur différents points. Premièrement, « sur la plateforme Cdiscount, un seul tarif est affiché pour toute la France. Soit les formations sont dispensées par des indépendants qui ne sont pas subordonnés au PermisLibre. Dans ce cas, on est dans une entente sur les prix, ce qui est interdit. Soit, il y a subordination entre les enseignants et LePermisLibre. Alors, les enseignants doivent être considérés comme des salariés du PermisLibre et leurs contrats doivent être requalifiés en contrat de travail. » Par ailleurs, poursuit Patrick Mirouse, « il n’y a pas d’évaluation au préalable effectuée avant l’engagement financier. Or, à l’heure où le contrat-type élaboré par la DGCCRF est entré en vigueur le 1er juillet 2020, de nombreux aspects ne semblent pas respectés ». En attendant une réponse de la DGCCRF, le président de l’UNIDEC tient à remettre les pendules à l’heure : « Encore une fois, nous ne sommes pas fondamentalement contre le progrès et la digitalisation, mais nous demandons que les plateformes numériques aient les mêmes droits mais aussi les mêmes obligations que les écoles de conduite de proximité. Or pour le moment, nous constatons que ce n’est toujours pas le cas ». Pour Patrick Mirouse, : « Il y a deux poids, deux mesures ».

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